lundi 1 mars 2010

Compte rendu critique de l'article de Véronique D'Amours «Le multitâche et l'apprentissage» publié le 15 février 2010 sur le site du Réseau d'informat

LIEN VERS L'ARTICLE

Résumé


L'occupation de l'esprit qu'offre le multitâche peut donner l'impression d'avoir été plus actif cognitivement que dans les faits, ce qui peut donner une confiance en soi qui ne reflète pas manifestement une réelle efficacité. Peut-on alors croire que l'autorisation de l'ordinateur portable dans les classes est néfaste pour leur utilisateur?


Deux systèmes neuronaux ont la responsabilité de contrôler l'attention chez l'être humain : le premier contrôle l'attention à titre d'intérêt et le deuxième le fait à partir de stimulus externe. Certains ont une meilleure capacité que d'autres dans la maîtrise du multitâche, mais tous se retrouvent limités rapidement quand la quantité d'éléments à gérer requiert un minimum d'attention.


Afin de gérer le multitâche, il faut s'intéresser au rapport entre l'attention et la mémoire de travail. Le contrôle de l'attention doit servir à bloquer les distractions et, ainsi, les maintenir hors de la mémoire de travail.


La diversité de capacités d'attention d'une personne à l'autre s'explique, entre autres, par une faculté plus ou moins élevée de l’emploi de la mémoire de travail permettant un meilleur contrôle de l'attention, donc de bloquer les distractions.


Malgré l'apparence d'une performance appréciable, sur le moment, les lacunes que provoque la distraction dans un apprentissage sont bien réelles.


Un individu distrait a recourt à sa «mémoire d'habitude» et lorsqu'il est plus concentré, il fait appel à sa «mémoire déclarative», celle-ci permettant une meilleure flexibilité, une capacité d'établir des analogies et l'extrapolation de l'information. C’est là que les enseignants peuvent voir une embuche dans l’apprentissage de leurs élèves, là où ils doivent s'assurer que les connaissances enseignées pourront être réutilisées dans différents contextes.


En tenant compte de l'importance de l'attention concentrée, de quelle façon les professeurs postsecondaires doivent-ils considérer l'utilisation de l'ordinateur portable s'ils tiennent à minimiser les distractions en classe?


Un professeur universitaire (Meyer de l’université du Michigan) a refusé à ses étudiants l'apport d'appareils électroniques afin de les obliger à porter leur attention sur lui. La plume et le bloc-note sont aussi interdits. Ce qu'il veut, c'est que les étudiants ne «ratent» rien de ses dires.


Les élèves entrent à l'école dans un mode d'hyperattention. Dans un tel cas, un enseignant qui saura relever le défi de les faire passer de cette hyperattention à une attention profonde démontrera sa maîtrise d'un bon enseignement. Mais il se pourrait, en revanche, que les adeptes du multitâche soient, de ce fait, en proie à l'hyperdistraction.


Là où il faut se questionner, c'est plutôt à propos de l'intention première des multitachistes. Cherchent-ils à s'infirmer davantage sur un sujet, sont-ils simplement attirés par les nouveaux médias ou tentent-ils de se défiler de leurs obligations? De là pourraient ressortir les vraies réponses.



Critique


Cet article reflète la méthode de généralisation du ministère de l'éducation : «Si l'évaluation des connaissances ne fonctionne pas, passons à l'évaluation des compétences. Mais comme les résultats ne sont pas meilleurs, revenons à l'évaluation des connaissances!». … alors qu'il serait peut-être pertinent de diversifier l'évaluation en prenant un peu des deux méthodes.


Ici, on traite du multitâche comme étant néfaste pour tous les élèves et étudiants. Mais on demande à des enfants en croissance de demeurer assis sur leur chaise d'école durant cinq heures par jour tout en maintenant une attention sur la matière émise. Même les adultes n'arrivent pas à une telle performance.


Loin de mon intention est de réduire l'importance des distractions que peut apporter l'emploi d'un ordinateur, par exemple, dans une classe. Mais la solution que le professeur David E. Meyer a choisi d'imposer à ses étudiants universitaires est tout à fait déplacée. Non seulement il oblige ceux à qui il doit son emploi sa propre méthode d'apprentissage, mais il pratique une discipline puérile à des «adultes»! On ne peut modifier du jour au lendemain une manière d'apprendre qui a été nôtre durant le secondaire, le collégial, puis l'université. Sa méthode demande une seconde écoute enregistrée à l'extérieur des cours. Sans quoi, même si ses étudiants ont porté toute leur attention sur lui, comment peut-on tout se rappeler ensuite pour noter sur papier? Ces heures supplémentaires requises sont-elles prévues dans les requêtes pour suivre ses cours?


Mon diagnostic de dyslexie me donne droit à un dictaphone afin d'enregistrer mes cours. Je l'ai testé et la réponse de mes professeurs a été plutôt négative : respect droits d'auteur, gêne, peur de recours contre certaines paroles enregistrées, etc. La méthode de Meyer est loin d'être applicable à grande échelle.


Dans cet article, on semble mettre la faute du multitâche sur les ordinateurs portables. Lorsque j’étais à l’école secondaire, avant l’arrivée des ordinateurs tels qu’aujourd’hui, je me souviens avoir eu des collègues de classe dessiner plutôt que d'écouter l'enseignant sinon de rêvasser en regardant dehors. Un ordinateur peut certes offrir plus de possibilités de s'évader d'un cours, mais l'ordinateur n'est pas la source du multitâche. Il provient de la volonté propre de chaque apprenant.


Pour ma part, si on me prive de mon ordinateur, je ne peux plus poursuivre l'université. Ce sont mes logiciels qui me permettent de suivre le rythme de mes cours et de mes sessions. Suis-je une multitâche? En effet! Mais je l'emploie à bon escient… J'entends un mot que je ne connais pas, je vais le chercher dans mon dictionnaire virtuel; on me parle d'un site Internet en classe, je vais l'explorer brièvement; le groupe cherche une réponse que je peux trouver avec mon ordinateur, je ne priverai personne de cette opportunité. Évidemment, je m'évade dans des micromoments sur Internet, le temps de lire le commentaire d'un ami par exemple. Mais je reviens tout aussi attentive que je l'étais quelques secondes avant. De plus, lorsque le cours est trop magistral, ces micromoments me permettent de ne pas tomber dans la lune et ainsi de perdre plus d'informations autrement.


C'est là que l'article prend tout son poids : informer sur les effets du multitâche sensibilise les mauvais utilisateurs et les responsabilise sur la façon d'utiliser cette méthode maintenant répandue. De plus, la conclusion porte, contrairement au reste de l'article, sur une note beaucoup plus «différenciative»! On demande aux enseignants de faire de la différenciation dans leur enseignement avec leurs élèves. Pourquoi l'éducation extrascolaire ne devrait-elle pas répondre aux mêmes normes? Cet article est loin d'être le seul à généraliser ses idées. Mais ici, on peut accorder, à la conclusion, une ouverture en réorientant le questionnement de la problématique vers une source plus individualisée.

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